Qu'il fasse n'importe quel temps, Mischa vit sur le balcon depuis une quinzaine. Si le soir est frais, son épais manteau la protège. Curieusement, s'il fait très chaud il la protège aussi en agissant comme un isolant. Par temps très chaud, je suis étonnée de passer la main sur son pelage et d'en ressentir la fraicheur et la douceur.

«C'est pas qu'on veuille à tous prix embeter, maman, les amis, mais c'est la seule fenetre placée aussi avantageusement sur les arbres et leurs occupants et sur les qui promènent leurs maitres...
«En passant, on voudrait faire nos bisous à nos marraines Pluie, Peca et Silie. Et à nos amoureux Roméo et Phebus, on envoie des léchouilles.»

Adoptée dans un refuge pour chats sans abri, Mischa avait arpenté le Vieux-Québec avant sa découverte par une bonne samaritaine. La petite chatte venait d'avoir des chatons et gisait sur le trottoir de la rue Saint-Jean, une rue commerçante et très passante. Des gens s'étaient approprié ses bébés et la petite gisait visiblement fatiguée. Une passante a eu pitié d'elle et l'a conduite à l'ACSA (Adoption de Chats Sans Abri).
Sa patte a le coussinet principal un peu usé, mais pas trop. Et n'ayant pas eu de chat à poils longs avant elle, la longueur des poils entre ses coussinets me fascine.

Mischa raconte sa vie en Russie, comme espionne à la solde de Lénine en 1915. Elle réfléchit à l'offre qui lui a été faite de devenir cantatrice et de faire ses débuts à la Scala de Milan dans quelques mois. Pour l'heure, son travail d'espionne prend tout son temps. Lénine ne cesse de lui seriner qu'il a besoin de savoir comment faire de l'elektriscticisssité. :
Mischa se cherche des contacts sur les rives de la Neva. Les pecheurs de coques connaissent peut-etre quelqu'un qui connait quelqu'un qui est l'ami de quelqu'un qui a jadis connu le beau-frère de celui qui connait le procédé.

Mischa qui a vécu ses premières années pratiquement comme une SDF a un gout marqué pour le grand air meme s'il se goute encore les papattes mouillées. Elle demande souvent la porte du balcon. Elle le fait très discrètement toutefois, en se tenant assise devant la porte fermée sans pousser le moindre miaulement. Une fois qu'elle est dehors, maman doit montrer la meme patience pour la faire entrer que la chatte en a montrée en attendant pour sortir.

Mischa est à St-Pétersbourg où elle vient d'avoir une offre pour faire carrière sur la scène internationale comme cantatrice. Interloquée, et un peu décontenancée que Phébus l'ait abandonnée pour ses copains les escargots elle ne sut quoi répondre au journaliste de Paris-Match et courut se réfugier au bureau de son patron, Lénine.
Lénine la voyant si défaite, si essoufflée, la fit asseoir dans un fauteuil et lui offrit un cognac.
- Raconte-moi tout, Mischa, fait Lénine.
Elle ne se fit pas prier et déballa son sac.
- CANTATRICE ?!
- Parait que la Callas est sur le déclin, Vladi.

Les Russes doivent etre des gens bien. En tous cas, la Russe que je connais me réveille avec des bisous et des ronrons le matin. Si c'est une indication de ce que sont les autres, on devrait tous réserver notre billet pour Moscou

Mischa l'espionne et son copain Phébus (chat d'Iroise) en Russie.
Le journaliste les a rejoints en dépit du poids de son équipement: trépied, appareil-photo et baguette. Une odeur de camembert flotte autour de lui quand il apostrophe nos 2 aventuriers. Mischa a l'estomac dans les talons.
- Vous avez des voix d'ange! Je me présente. Jules Tartempion de Paris-Match. Ça vous dirait une carrière internationale?
- Mischa, coupa Phébus. La mare du parc est à sec et j'ai promis aux escargots de les transporter d'urgence ailleurs. On s'appelle, on déjeune. Ciao!
- Tu vas m'le payer, grogna Mischa.

Mischa et Phebus en Russie.
Les choristes improvisés ne donnèrent pas de rappel. Ils prirent leur papattes à leur cou et coururent vers le marché ou ils espéraient chiper 1 saucisson ou 2. Ils réalisaient qu'un tour de chant ça aiguise l'appétit. Des bruits de pas retentirent derrière eux. Ils étaient suivis.
- Ne me dis pas que c'est Rassy encore, demanda Mischa.
- Non, fit Phebus. Un journaliste français.
- Hen ? Quess' tu racontes? Pourquoi, journaliste?
- Il a un appareil photo et un trépied.
- Normal. Et, pourquoi français?
- Il a une baguette sous le bras.

Mischa, espionne en Russie en 1915, poursuivie par Rass Poutine vient de s'échapper du Musée de l'Ermitage avec Phébus, son amoureux.
Essouflés, Rassy sur leurs talons, ils se réfugient dans un parc sur les bords de la Neva. Sur la scène, le Choeur de l'Armée Rouge est en pleine répétition.
- Quelle chance, s'écrie Mischa! J'ai toujours revé de les entendre! Joignons-nous à eux, Rass ne verra que du feu.
Sitot dit, les voilà sur la scène, au milieu de la 1ère rangée, Mischa (soprano) et Phébus (bariton) entonnant 'Kalinka' avec le choeur avec un naturel éblouissant.

Mischa est allée sur le balcon à quelques reprises depuis que le temps se fait plus doux. Elle adore marcher dans la neige. Meme si elle a les pattes courtes, elle se déplace très bien dans quelques cm de neige. Pas de doute que la petite dernière a connu 'à la dure' les quatre saisons du Québec.

Mischa-l'espionne, en Russie.
Ayant aperçu Rass Poutine, Mischa et Phébus ont sauté dans une vitrine du musée de l'Ermitage. Exposés à la vue de tous, retenant leur souffle, ils ne sont plus que deux pelisses rares.
- J'ai une boule de poils, murmure Mischa. Il faut que je tousse.
- C'est pas l'moment, Mischa.
- J'peux me passer de tes lapalissades! Oh.. marraine Silievna est là. Elle m'a reconnue, je crois. Il faut sortir d'ici.
- Accroche-toi, dit Phébus.
Les 'pelisses' s'animèrent soudain devant les visiteurs médusés. Dans un fracas de verre brisé, elles s'éclipsèrent.

Maman est de plus en plus fière des progrès de Mischa. La petite qui avait ce qu'on peut presque appeler 'un sale caractère' quand elle est arrivée, s'entend mieux de jour en jour avec ses colocs.
- Je suis contente de toi, Mischa. Tu as beaucoup changé depuis ton arrivée et, ma foi, pour le mieux.
- Pas du tout, maman. L'ourson et la belette se plient davantage à mes caprices, c'est tout.

Mischa vit à St-Pétersbourg vers 1915. Espionne à la solde de Lénine, elle a pris congé pour visiter le musée de l'Ermitage avec son amoureux, Phébus.
Vifs comme l'éclair, ils se sont faufilés dans le musée entre les jambes des touristes japonais qui, encombrés de leurs appareils photos n'ont rien vu venir... n'ont rien vu passer, disons.
- Phébussovitch, comment va ta mère Agnès Iroissovna ?
- Très bien, Mischa. Évidemment, ses loisirs sont comptés vu notre grosse famille.
- J'aurais tant aimé qu'elle nous accompagne.
- Avec tous mes frères et soeurs?
- Pourquoi pas, Phébussovitch?
NOTE: Le chat Phébus fait partie de la ferme d'Iroise (Agnès)

Mischa a un meeting avec son patron, Lénine, pour qui elle agit comme espion a St-Pétersbourg, en 1915.
- Mischa, l'affaire Ivanov et son samova électrissticistique traine en longueur. Y a-t-il au moins des développements?
- Si on peut dire. J'ai appris que l'électrisssccistiquecité est faite à partir de l'eau. Il y a 3 jours, il y a eu réunion dans la cave d'un chimiste, rue du Canal. Le type a un robinet. Des industriels se sont installés devant et ont attendu que le miracle se produise.
- Et alors ?
- Ben... aux dernières nouvelles, tous les huit étaient à la morgue. Noyés.

Aujourd'hui, maman a décidé de photographier Mischa de profil.
- C'est mon profil le moins connu, maman, commente-t-elle.
Kali s'en mele, évidemment.
- C'est un profil moins remarquattaquable qu'un profil oriental comme le mien.
- Tu veux dire 'moins remarquable qu'un profil de belette', lance Mischa en grinçant des canines.

Les filles sont au travail. En tous cas, c'est ce qu'elles prétendent car, selon Mischa: « Apporter un support moral à quelqu'un qui travaille, ou qui a l'air de le faire, c'est du travail.
- Mischa, y a rien à comprendre à ce que tu viens de blabatuticier . Moi je viens simplement dormir sur le bureau de maman quand elle y est. J'ai pas d'autre prétention. Toi, bien sur, la prétention, ça te connait.»

Bien sûr, tout ça s'est envenimé et maman a dû congédier ses deux secrétaires.

Quoi que vous pensiez, ça m'arrive d'etre tranquille, les ami(e)s. Et dans ce temps-là, j'ai une cachette où Gaston et Kali n'ont jamais laissé leurs marques. Entre le divan et la porte du balcon, on est très bien. Quand elle a trouvé mon endroit de prédilection, ma maman a meme déposé un coussin pour que je sois plus confortable. C'est la meilleure maman que j'ai eue de toute ma vie et je l'aime très fort.

On est en 1915. Mischa a une réunion avec son patron Lénine pour qui elle travaille comme espionne.
- Mischa, j'ai tenté en vain de te joindre hier. Où étais-tu?
- Chez ma marraine Silie, Wladi. De câlins en léchouilles, j'ai oublié d'activer mon cell.
- Où en est-on dans l'affaire du samovar élesctrissstique.
- Ivanov se promène toujours avec. Le fil traîne par terre. Hier j'ai vu un moujik lui marcher dessus. Ivanov a réagi comme moi quand on me marche sur la queue. C'était pas joli.
- Essaie de savoir comment on fait de l'elescrtisticissicité, Mischa. Ça peut être utile.

Kali poursuit sa vie d'espionne à la solde de Lénine à St-Pétersbourg, il y a.... très longtemps.
«Installée sur la tete du fetard, je continuais de m'aggriper. Ma curiosité l'emporta sur la nécessité d'affronter le froid et le vent qui sévissaient cette nuit-là. Le type habitait à 2 pas. Hélas son cerveau abruti par la vodka l'empechait de trouver la serrure. La porte s'ouvrit et un visage en colère apparut.
- Irina, ccccette ttttoque est trop ppppetite, dit mon taxi improvisé.
Les yeux exorbités, Irina ne la trouva pas drole. Allait-elle le giffler? Prudemment, je descendis du 'taxi' et filai.»

Mischa poursuit le récit de sa vie d'espionne en Russie à la solde de Wladimir Lénine vers les années 1915.
«J'en avais un peu assez, les ami(e)s de ma position sous les tables. D'abord parce que les odeurs de pieds ruinaient les effluves de cailles farcies et de faisans rotis. Et puis parce que les gens étant polis à table, il ne se disait souvent que des banalités. Wladi me proposa de grimper au haut d'une patère dans le vestibule, ajoutant qu'un murmure laché lors d'une poignée de main pouvait etre révélateur. Hélas, distraitement quelqu'un me confondit avec sa toque en lynx.»

Mischa a sans doute dû se défendre contre toutes sortes de dangers durant sa période d'errance. Son comportement en garde des séquelles. Elle s'est chamaillée très violemment avec la petite belette ce matin et maman a dû lui parler fort. Mischa s'est immobilisée et après quelques instants est venue se coucher devant maman, menton sur le sol, dans une position de parfaite soumission. J'ai été sidérée...

Mischa souhaite une bonne journée à tous les ami(e)s de P-A.
Elle destine un bisou tout particulier à sa douce marraine Silie qu'elle adore. et à son amoureux, Phébus, qui occupe ses pensées.

Mischa et Kali bavardent.
- Ça doit te manquer le métier d'espionne, Mischa ?
- Les révélations croustillantes me manquent un peu, Kali. Mais vivre dans les placards c'est parfois dangereux.
- Le temps est long parfois. Maman m'a enfermée par mégarde quelques fois. Mais j'ai pas entendu des choses croustivascillantes. J'avais juste un peu peur dans le noir.

- Tu t'habillais comment quand t'étais espionne, Mischa ? Portais-tu un imper gris et un chapeau ?
- C'était pas encore la mode, Kali. Voilà, c'était ça mon costume.

Mischa espionne les aristocrates pour le compte de Lénine. Wladimir Ilitch la trouve indispensable vu la facilité avec laquelle la chatte s'immisce dans les salons. Elle se raconte à Kali.
- Lénine voulait faire une révolution industrielle. Il avait entendu parler de l'essttricsscité.
- Tu parles comme moi maintenant, Mischa ?
- Tais-toi donc. Sa vue baissait et Wladimir Ilitch pouvait plus lire à la chandelle et au gaz. Il avait entendu parler d'un type qui se promenait partout avec son samovar électrique.
- Si l'essstrisxcité existait pas, il le branchait après quoi son vamosar ?
- Ché pas. De sous la table je voyais pas.

Pas étonnant qu'elle ait eu du succès parmi l'aristocratie russe du début du 20e, Mischa se donne encore parfois des airs d'aristo. Mais le tout est de savoir qui elle espionne maintenant...

Mischa reprend le récit de sa vie comme espionne à la solde de Lénine en 1915.
«À la lecture de mon c.v., les ami(e)s, Wladi Lénine vit tout de suite qu'il avait affaire à quelqu'un d'intéressant, voire de providentiel pour la réalisation de son grand projet de révolution. En effet, j'avais été responsable de la chasse aux rats dans 9 familles d'aristocrates, dont les résidences avoisinaient le palais impérial. Je connaissais le quartier comme le fond de ma poche. Vous me demandez quelle poche ? Celle que je trainais sur mon dos, pardi. J'y mettais les rats que j'attrapais.

Les filles ont réglé certaines choses cette nuit. Au matin, je les ai trouvées ensemble, pas l'ombre d'une mésentente entre elles. Elles m'attendaient sur le bureau. Pourvu que ça dure un jour ou deux.

Le soleil brille de tous ses feux et les oiseaux sont réapparus le temps de quelques heures. J'ai ouvert le rideau et Mischa s'est choisi 'une place au parterre en plein centre' pour admirer le spectacle. Je pense qu'elle se rappelle sa vie d'errance dans le Vieux-Québec quand elle pouvait chasser à volonté. Peut-etre était-elle meme forcée de le faire pour se nourrir...

Il y a eu un mois le 18 février que Mischa est avec nous. Aurait-elle voulu qu'on sabre le champagne ? Qu'on trinque à la vodka ? Maman lui a plutot offert quelques cuillerées de crème dans une soucoupe. Elle a adoré. Elle a semblé trouver que la portion était petite à comparer à ce qu'elle avait connu avec Lénine.

Cette fois, c'est Kali qui est arrivée la première et a mis le grappin sur la place de choix.
- Patiente un peu, la russe. Quand j'en aurai assez, j'te ferai signe. Pour l'instant j'y suis, j'y reste.
- Boff... T'es grosse comme un pou, Kali. Tu ne me caches à peu près rien du spectacle.
- C'est une allusion à mon pelage ras, je présume ?
- Pas du tout. C'est une allusion à la taille de ton crâne, belette.

Mischa est une gardienne intraitable quand il s'agit de son fief, la boîte à papier de soie. Elle y fait un tapage d'enfer quand le papier est abondant. Maman en a réduit la quantité et elle ne semble pas trop s'en soucier.

Elle est si affectueuse ma princesse russe que son arrogance avec Kali et Gaston perd de son importance. Visiblement, elle adore sa maman. C'est toujours elle à présent qui vient à sa rencontre quand elle rentre et qui l'accueille en faisant des rrrrouuuu interminables. Son attitude ferait fondre le coeur le plus sec.

Mischa nous fait des confidences sur sa vie à Saint-Pétersbourg en 1917.
«C'est pas connu de tous, les ami(e)s, mais Lénine n'a pas fait que des discours pendant la révolution. Il avait une armée d'espions en mission chez les aristocrates. Sans vouloir me vanter, c'est grâce à moi si le marxisme-léninisme a eu tant de succès. Installée sous la nappe dans les salles à dîner ou sous les lits des chambres à coucher j'écoutais ce que les gens disaient et je rapportais tout à Vladimir qui me donnait un bol de crème pour salaire. Le cholestérol n'avait pas d'importance à l'époque.

La princesse russe n'est pas très patiente.
«Bon sang, Kali ! Si je te dis que j'ai connu Lénine, j'ai connu Lénine ! J'étais une des révolutionnaires qu'il a embauchés en 1915 pour espionner chez les aristocrates ! T'es dure de la feuille ou quoi ?»

À l'aube, ce jour-là, Mischa a passé avec la mention 'excellence' l'examen exigé pour le métier de presse-papiers.

Mischa : Un gros bisou à ma marraine Silie, et je fais une léchouille à la petite Maya et à mon 'presqu'amoureux' Mozart...

Si on examine l'iris de Mischa avec une loupe, on y verra une mésange et deux moineaux...

Kali et Mischa passent une large part de leur temps ensemble. Tantot à s'amuser, tantot à se chamailler. La vie normale, quoi.

«Ne vois-tu pas que tu viens de me déranger ? Pour une fois que je viens regarder par la fenetre devant ton bureau, maman, tu sors ton appareil-photo. C'est très malhabile de ta part. On va etre copines, toi et moi, mais les photos tu ne les feras pas n'importe quand. C'est dit.