Aristote , mon premier lapin nain, un adorable petit bélier, nous a quittés fin septembre 1998, après une trop brève existence écourtée par la maladie (coccidiose). Je n'ai plus eu depuis le courage de retenter l'expérience...tout en y pensant sans cesse.
Je suis alors étudiante et je travaille la moitié de la semaine aux archives dans ma ville natale : je partage donc mon temps entre mon studio et la maison familiale. Cet après-midi là, en sortant des archives, je décide subitement de passer dans une minuscule animalerie en centre ville, juste pour admirer quelques petites bêtes et sans la moindre intention d'en adopter une. Là, c'est tout le contraire d'une usine : deux petites salles , quelques animaux visiblement chouchoutés par la propriétaire qui les adore. Dans un cage, quelques lapins que j'ai depuis longtemps oubliés sauf un : un adorable et déjà assez gros lapereau noir tête de lion, à la tête fine et aux petites oreilles courtes très typées, qui semble régenter le reste de la cage. La propriétaire m'apprend qu'il s'agit d'une petite femelle de près de trois mois, je n'ai jamais su la date exacte de sa naissance. Au lieu de partir, je reste subjuguée par la petite demoiselle manifestement aussi têtue que jolie et qui n'hésite pas à aller faucher le brin de foin que déguste tranquillement l'un de ses voisins, pourtant plus gros qu'elle et bien qu'il y ait largement de quoi contenter tout le monde .
Lorsque la propriétaire la prend, elle se débat comme un beau diable alors que les autres se laissent porter comme des bébés.
"Elle vous intéresse n'est-ce pas ? Elle a son petit caractère, mais c'est vrai qu'elle est mignonne"
Cinq minutes plus tard, me voilà repartie avec un précieux petit carton dans lequel, vus les grattements , semble être enfermée une colonie de gremlins...Je passe chez la véto pour des gouttes anti coccidiose et me voilà rentrée, assez perplexe en attendant mes parents et mon frère, encore au boulot et au lycée.
J'ai toujours craqué pour les lapins bélier et me voilà avec une tête de lion...Je sais qu'un lapin s'habitue mieux à son maître vers deux mois et me voilà avec une pré-adolescente rebelle de trois mois...J'ai préparé l'arrivée d'Aristote avec le plus grand soin : le moindre détail de sa cage était arrangé trois jours avant sa venue et me voilà débarquant avec une lapine alors que tout est rangé au grenier depuis plusieurs mois, du moins tout ce qui n'a pas été jeté pour éviter la contagion : rien n'est prêt pour accueillir cette poupée... Surtout, j'ai toujours recherché les animaux les plus tendres, câlins et doux et me voilà avec la lapine la plus caractérielle de l'animalerie...
Et pourtant, je te l'assure ma petite puce , je n'ai jamais regretté ce coup de tête qui me ressemble si peu...
Petite boule d'énergie et concentré de bêtises pendant les premières années de ta vie, tu n'en finissais pas de me faire rire avec tes pitreries, ta curiosité et ton obstination. Puis, épuisée, tu réclamais d'interminables séances câlins en te laissant tomber sur le flanc. En revanche, pendant plusieurs années, impossible de te prendre sur nos genoux de ton plein gré et quand je le faisais quand même pour tenter de t'habituer, tu semblais toujours terrorisée et tu boudais ensuite durant des heures. "Ma liberté avant tout" pourrait être une devise que tu partagerais avec l'héroïne médiévale qui t'a donné son prénom...Tu n'étais pas non plus la patiente rêvée pour les vétérinaires : sans doute rigoles-tu encore en pensant à celui qui m'a dit sans rire qu'il venait de soigner un molosse beaucoup plus docile...Qu'importe, tu avais tellement d'autres qualités à mes yeux.
Juillet 2000, si froid, si pluvieux (il fait 7°/ 8° le matin)et le chauffage collectif coupé...Moi, je me gèle dans un tailleur trop fin en passant des oraux de concours à Paris et toi, malgré toute l'attention de mes parents, tu attrapes cette saleté de pasteurellose. Le véto n'était guère optimiste et malgré tous les traitements, j'ai eu bien peur de te perdre. Bien accrochée à la vie, tu as résisté, mais désormais, la toux et le rhume chronique ne te quitteront plus. Ma petite lionne , ton véto actuel n'en revient d'ailleurs pas de ta résistance et de ta longévité malgré tout.
Les années ont passé, tu m'as suivie dans quatre déménagements successifs, t'habituant tantôt vite, tantôt difficilement à ton nouveau chez toi, mais te faisant toujours aussi bien comprendre par mille petites mimiques.
Un jour que je relevais d'une sale grippe et que j'étais affalée, brûlante, dans un fauteuil, j'ai cru rêver : pour la première fois, tu as sauté de toi-même sur mes genoux et tu t'y es confortablement étendue, comme pour prendre soin de moi. Puis une maladie beaucoup plus sérieuse et très rare a soudain rendu mon avenir incertain alors que j'avais 24 ans. Mon père qui te gardait dans mon appart pendant mon hospitalisation m'assurait que tu me cherchais partout ; quand je suis rentrée, tu t'es précipitée sur moi comme une bombe Tu m'as tellement aidée petite puce...
Aujourd'hui, ta jeunesse contestataire est bien loin... Tu tends presque les pattes pour que je te prenne sur les genoux et tu protestes quand je te pose...Tu peux "ronronner" durant tout le film sans te lasser. Tu es beaucoup moins anxieuse aussi : tu te laisses caresser par des étrangers (du moins si je te portes, faut pas exagérer quand même hein pupuce ) et tu adoptes à la seconde le gîte des vacances après plus de 650 km de route !
Moins dynamique, tu restes toujours aussi gourmande (Héloïse et la biscotte...une grande histoire d'amour). Et récemment, un grand événement pour toi : un charmant lapinou, Surprise, t'a choisie comme fiancée .
Au fait, je crois que j'ai encore oublié quelque chose :
je t'aime très fort ma petite Héloïse
Plus de 500 000 photos de VOS animaux
Je profite d'une petite amélioration de ma santé pour venir vous faire à tous un amical et à mon Surprise chéri d'énormes
PS Ne dites pas à ma soeur Anouchka que j'ai piqué son doudou pour la photo