Bon aujourd'hui c'est mercredi, le jour des enfants. Pendant la sieste d'Iris, je vous ai concocté un petit texte.
Une histoire vraie bien sûr…
Un singe appelé "Gégé"…
Tout avait bien commencé ce jour-là. J'avais loué mon studio à un collègue pour une séance photo. Le client était Télé Z. L'agence publicitaire qui travaillait pour eux avait eu l'idée d'un petit scénario montrant un chimpanzé faisant les poches d'un réalisateur sur un plateau de cinéma, afin de le délester de 2 francs (à l'époque), pour s'acheter son Télé Z.
Max le dresseur était arrivé de bonne heure et avait préparé le lieu. Je connaissais très bien Max, et son singe "Gégé" que j'avais déjà photographié à plusieurs reprises.
Contrairement à son habitude, Max avait installé un immense filet pour délimiter la prise de vue.
Il m'indiqua que "Gégé" était assez nerveux en ce moment et que son passage à l'âge adulte devenant imminent, il convenait de prendre des précautions. Moi qui avais toujours vu le "Gégé" plutôt bonne pâte et facétieux, je me suis dit que cela visait certainement à impressionner le client afin qu'il en ait pour son argent.
Le photographe s'installe, fait ses réglages lumière. L'agence arrive, ça papote, on prend le café…
Chacun va voir "Gégé" dans sa cage: "Comme il est mignon", "Oh, regarde, il me tend sa main", "Quel regard expressif" …
Le photographe décide de commencer la séance. Max demande que tout le monde évacue le plateau afin qu'il puisse installer le chimpanzé sur le set, lui faire répéter la séquence et vérifier que tout va bien.
"Quel luxe de précautions aujourd'hui" dis-je à Max… "Toi, tu sors aussi" me dit-il brutalement.
Je m'exécute et observe la scène de loin afin de ne pas le gêner. Il s'approche de la cage parle un moment au singe. Puis au terme de cette mystérieuse palabre, ouvre la grille.
Catapulté comme par un ressort, apparaît un animal que je ne connaissais pas, tous poils dressé, les babines relevées, balayant rapidement les lieux du regard afin d'en déceler les points faibles.
Max hurle des ordres. Gégé s'en fout, il a décidé de péter les plombs. A par moi, personne ne s'est encore rendu compte du problème.
Le singe s'approche du filet et le secoue violemment. Je suis de l'autre côté et tente de le repousser sans succès. Sa force est colossale. Max s'approche de lui et lui dit: "Viens c'est fini, on rentre à la maison".
En un éclair le singe s'est retourné et viens de lui trancher l'index d'un coup de dent.
A partir de maintenant la situation est hors contrôle. Max qui s'est sommairement enroulé la main d'un tissu continu à le canaliser. Il garde encore pour un temps l'ascendant sur lui. Mais pour combien de temps…
Les pompiers sont arrivés. Je leur explique ce qu'il faut faire. Ils installent des matelas sur toutes les surfaces vitrées et braquent leurs lances sur l'entrée pour le cas où le "Gégé" passerait le filet.
On dit qu'un chimpanzé en colère déploie la force de 7 hommes… Au moins. Le quartier est bouclé.
Bientôt des spécialistes arrivent, équipés de fusils et sarbacanes à seringues hypodermiques.
Max est toujours de l'autre côté, un bout de son doigt quelque part dans la sciure.
Il renseigne les intervenants sur le poids de l'animal afin qu'ils adaptent le dosage de somnifère.
Les hommes prennent position et attendent le moment favorable. De toute évidence ils connaissent les animaux et ne se hâtent pas, afin de ne pas stresser davantage l'animal, et surtout qu'il ne se blesse pas.
Gégé déambule sur le plateau dévasté. Pfuitt! L'air comprimé vient de propulser une fléchette qui se fixe dans le haut de sa fesse. Il l'arrache, mais une autre fléchette vient aussitôt remplacer la première.
Tout à coup il s'arrête, et observe ahuri le champ de ruines qui l'environne. Au bout de quelques secondes, il s'assoit. Toute sa mauvaise humeur semble brusquement retombée. Bientôt son maître, qui bataille avec lui maintenant depuis près de trois heures, s'approche et l'entoure de ses bras pour le rassurer. Il le porte lui-même dans sa cage où il l'installe confortablement. Puis il accepte de partir enfin à l'hôpital…
Après une carrière exceptionnelle de près de dix ans, Gégé n'a plus travaillé depuis ce jour. Son maître l'a confié à un zoo en espace ouvert. Il s'est bien adapté à ses nouveaux compagnons, à qui il n'a pas manqué de transmettre tout ce qu'il avait appris aux contacts des humains.…
Bon aujourd'hui c'est mercredi, le jour des enfants. Pendant la sieste d'Iris, je vous ai concocté un petit texte.
Une histoire vraie bien sûr…
Un singe appelé "Gégé"…
Tout avait bien commencé ce jour-là. J'avais loué mon studio à un collègue pour une séance photo. Le client était Télé Z. L'agence publicitaire qui travaillait pour eux avait eu l'idée d'un petit scénario montrant un chimpanzé faisant les poches d'un réalisateur sur un plateau de cinéma, afin de le délester de 2 francs (à l'époque), pour s'acheter son Télé Z.
Max le dresseur était arrivé de bonne heure et avait préparé le lieu. Je connaissais très bien Max, et son singe "Gégé" que j'avais déjà photographié à plusieurs reprises.
Contrairement à son habitude, Max avait installé un immense filet pour délimiter la prise de vue.
Il m'indiqua que "Gégé" était assez nerveux en ce moment et que son passage à l'âge adulte devenant imminent, il convenait de prendre des précautions. Moi qui avais toujours vu le "Gégé" plutôt bonne pâte et facétieux, je me suis dit que cela visait certainement à impressionner le client afin qu'il en ait pour son argent.
Le photographe s'installe, fait ses réglages lumière. L'agence arrive, ça papote, on prend le café…
Chacun va voir "Gégé" dans sa cage: "Comme il est mignon", "Oh, regarde, il me tend sa main", "Quel regard expressif" …
Le photographe décide de commencer la séance. Max demande que tout le monde évacue le plateau afin qu'il puisse installer le chimpanzé sur le set, lui faire répéter la séquence et vérifier que tout va bien.
"Quel luxe de précautions aujourd'hui" dis-je à Max… "Toi, tu sors aussi" me dit-il brutalement.
Je m'exécute et observe la scène de loin afin de ne pas le gêner. Il s'approche de la cage parle un moment au singe. Puis au terme de cette mystérieuse palabre, ouvre la grille.
Catapulté comme par un ressort, apparaît un animal que je ne connaissais pas, tous poils dressé, les babines relevées, balayant rapidement les lieux du regard afin d'en déceler les points faibles.
Max hurle des ordres. Gégé s'en fout, il a décidé de péter les plombs. A par moi, personne ne s'est encore rendu compte du problème.
Le singe s'approche du filet et le secoue violemment. Je suis de l'autre côté et tente de le repousser sans succès. Sa force est colossale. Max s'approche de lui et lui dit: "Viens c'est fini, on rentre à la maison".
En un éclair le singe s'est retourné et viens de lui trancher l'index d'un coup de dent.
A partir de maintenant la situation est hors contrôle. Max qui s'est sommairement enroulé la main d'un tissu continu à le canaliser. Il garde encore pour un temps l'ascendant sur lui. Mais pour combien de temps…
Les pompiers sont arrivés. Je leur explique ce qu'il faut faire. Ils installent des matelas sur toutes les surfaces vitrées et braquent leurs lances sur l'entrée pour le cas où le "Gégé" passerait le filet.
On dit qu'un chimpanzé en colère déploie la force de 7 hommes… Au moins. Le quartier est bouclé.
Bientôt des spécialistes arrivent, équipés de fusils et sarbacanes à seringues hypodermiques.
Max est toujours de l'autre côté, un bout de son doigt quelque part dans la sciure.
Il renseigne les intervenants sur le poids de l'animal afin qu'ils adaptent le dosage de somnifère.
Les hommes prennent position et attendent le moment favorable. De toute évidence ils connaissent les animaux et ne se hâtent pas, afin de ne pas stresser davantage l'animal, et surtout qu'il ne se blesse pas.
Gégé déambule sur le plateau dévasté. Pfuitt! L'air comprimé vient de propulser une fléchette qui se fixe dans le haut de sa fesse. Il l'arrache, mais une autre fléchette vient aussitôt remplacer la première.
Tout à coup il s'arrête, et observe ahuri le champ de ruines qui l'environne. Au bout de quelques secondes, il s'assoit. Toute sa mauvaise humeur semble brusquement retombée. Bientôt son maître, qui bataille avec lui maintenant depuis près de trois heures, s'approche et l'entoure de ses bras pour le rassurer. Il le porte lui-même dans sa cage où il l'installe confortablement. Puis il accepte de partir enfin à l'hôpital…
Après une carrière exceptionnelle de près de dix ans, Gégé n'a plus travaillé depuis ce jour. Son maître l'a confié à un zoo en espace ouvert. Il s'est bien adapté à ses nouveaux compagnons, à qui il n'a pas manqué de transmettre tout ce qu'il avait appris aux contacts des humains.…
A+/Gérard